C’EST LE PREMIER TOURNOI MONDIAL 12-14 ANS. La 34ème édition débute jeudi à Tarbes
De Melbourne à Tarbes. Ou plutôt de Tarbes à Melbourne. « Sur les dix premiers joueurs mondiaux actuels, huit sont passés aux Petits As. Chez les filles, le chiffre est de six. C’est ce qui fait notre notoriété depuis des années. » En trois phrases, Jean-Claude Knaebel, l’un de ses cofondateurs, vient de placer le tournoi sur le grand échiquier du tennis. 34 ans que ça dure. A Tarbes. Parfois courtisé, le tournoi a toujours tenu à conserver son authenticité bigourdane. Ici, pour les amoureux de la petite balle jaune, le parc des expositions est considéré comme un monument comme le fut, en son temps, La Moutète, pour le basket-ball à Orthez. Question d’authenticité.
Pourtant, on n’y parle pas que patois. Cette année, 45 nations devraient être représentées. Parce que c’est le Mondial des 12-14 ans. Le tournoi grand chelem des petits.
Chang a apporté la lumière
« C’était au départ une aventure sportive et humaine.On a commencé avec quatre nations et des copains de l’école de tennis. Et au fil des années, on est arrivé à un stade où on est devenu une référence. » Quand Jacques Dutrey regarde en arrière, il reconnaît que jamais il ne pensait à l’époque s’inscrire ainsi dans la durée. L’époque, c’était en 1983. Pour rappel, c »est la date du dernier sacre français à Roland-Garros (Yannick Noah). Mais le véritable départ, c’est 1986. Ou plutôt 1989.
Cette fois, on ne part pas de Melbourne mais de Paris. Et on revient encore à Tarbes. En 1989 donc, Michaël Chang gagne Roland-Garros. Jean-Claude est là, dans les tribunes, invité par la mère du jeune Chinois. Tous les projecteurs sont alors braqués sur le phénomène. Et la lumière rejaillit alors sur les Petits As que Michaël Chang avait remporté trois ans plus tôt. Un joli coup que Claudine Knaebel avait préparé l’année précédant la venue du Chinois à Tarbes : »Je l’avais rencontré à Orlando en Floride à l’occasion de l’Orange Bowl (tournoi international junior) et j’avais convaincu son entourage de venir à Tarbes. C’est la première fois qu’il quittait les Etats-Unis pour venir en Europe. »
En empruntant un raccourci, les Petits As doivent tout à Michaël Chang. Et ce dernier doit beaucoup aux Petits As.
Le bis de Martina Hingis
L’épisode fut rapidement suivi d’un autre épisode heureux. Féminin cette fois. Martina Hingis, remporta deux fois l’épreuve en 1991 et 1992 avant de devenir une star des courts.
Autre moment glorieux souvent évoqué dans l’historique du tournoi, la victoire de Richard Gasquet en 1999. Car à chaque fois qu’un duel Gasquet-Nadal se profile dans le circuit ATP, il se trouve toujours une personne pour rappeler que la seule fois où le Français a battu l’Espagnol, c’était aux Petits As de Tarbes…
Bien sûr, Les Petits As n’ont pas accouché à chaque fois d’une future star mondiale. Mais ils ont acquis des lettres de noblesse qui en fait, aujourd’hui, sont le passage obligé des meilleurs jeunes mondiaux, nécessitant une organisation de 10 mois. A chaque édition, près de 180 bénévoles participent, dans un esprit festif, à la grand-messe. Et si le passé du tournoi a beaucoup fait pour sa notoriété, le présent et le futur s’enrouleront dans le drapeau du succès avec la même fraicheur. Celle de la jeunesse.
Philippe Lauga – La Dépêche du Midi – Edition du 18/01/2016.
Photo : « Battu par Gasquet en 1999, Rafael Nadal est revenu en 2000 pour l’emporter. »