Les apprentis champions, qui se trouvaient à Tarbes la semaine dernière, n’ont rien raté des performances de leurs stars à l’Open d’Australie.
TARBES – Au coeur du parc des expositions de Tarbes trônait la semaine dernière un écran géant. Qui diffusait, en matinée, les matches de l’Open d’Australie. Après l’entraînement et avant le déjeuner (ou vice-versa), des grappes de gamins de douze à quatorze ans s’arrêtaient pour assister aux exploits de Djoko ans Co. Voire décortiquer un coup droit, un revers, et rire d’un « vamos ! » ou d’un « come on ! ». Même à 17 500 kilomètres de distance, l’identification joue à plein.
Mais les apprentis champions ne se contentent pas de « se prendre pour » ou de « rêver d’être ». ils définissent davantage leur relation avec les maîtres comme une source d’inspiration. « Mon joueur préféré est Roger Federer, raconte Holly Fischer, une jeune Britannique qui a entamé l’an dernier une collaboration avec l’académie Mouratoglou. Il y a toujours quelque chose à prendre dans la carrière des meilleurs. Par exemple, chez Roger, j’aime la manière dont il a changé son comportement sur le court. Avant, il avait mauvais caractère et il cassait ses raquettes. Mais dès qu’il a accepté de travailler là-dessus, il s’est mis à tout gagner. Voilà quelque chose qui donne des idées… Surtout que je ne suis pas toujours irréprochable sur le court. »
« Ma référence, c’est Nadal » Harold Mayot
Entre Salma Djoubri, la Française qui a éliminé Fischer au deuxième tour, et Victoria Azarenka, l’identification est totale. » Tout m’intéresse chez Vika, dit-elle. Son jeu, son comportement, tout ! J’ai quasiment regardé toutes les vidéos d’elle. Je trouve qu’il n’y en a qu’une comme ça. Même quand elle joue une Française, je suis toujours à fond derrière Victoria. Niveau jeu, je trouve que ce qu’elle fait est parfait. » A quatorze ans, il est évidemment impensable de se projeter en termes de carrière. En revanche, les détails techniques semblent fasciner les jeunes pousses. « Je viens de lire un livre de Jonny Wilkinson et j’ai beaucoup appris, raconte avec un aplomb formidable le Messin Harold Mayot, qui a été éliminé en demi-finales samedi par le futur vainqueur, l’Américain Stefan Leustian. Mais ma référence, c’est Nadal. On voit que c’est quelqu’un qui n’a pas le boulard. J’aime qu’il soit très respectueux. Dans son jeu, ce que je préfère, c’est sa défense et son jeu de jambes. Dans ma chambre, je regarde ses vidéos. Ce qui me frappe, c’est sa rapidité de pieds. Sa manière d’aller coller hyper tôt à la balle, sa vitesse de replacement… Là, il est monstrueux, un peu comme Djoko qui fait le grand écart et revient tout de suite à dix mille à l’heure. »
Comme le finaliste croate Borna Devald (« J’aime Federer plus que mes compatriotes parce que c’est lui qui possède les plus beaux coups.) Leandro Reidi vote pour l’homme aux dix-sept Grands Chelems. Parce ce que lui aussi est suisse ? Pas uniquement. « Sa technique est fabuleuse, lâche-t-il. Par exemple, en coup droit, j’aime que son bras soit presque indépendant du reste de son corps et que son regard soit fixé sur l’impact. J’aime aussi son service. J’ai étudié son geste au ralenti, on a filmé le mien, et on a comparé les deux. Bon, c’est clair, il y a des différences ! (Rires) ». Dans une dizaine d’années, on saura si elles ont été comblées.
L’EQUIPE.fr – Envoyé spécial VINCENT COGNET – Edition du 2.02.2016
Photo Ch. Jarno – Harold Mayot, exulte façon Nadal et Djokovic, ses idoles.